samedi 30 avril 2016

La carotte faisandée de Mister Rabbit


Mon cher Mister Rabbit,

Nous sommes en 2005, et alors que je ne me satisfais plus de ma condition de travailleur bourgeois, qui me vaut de rouler en belle voiture, d'habiter une maison que j'ai fait construire et d'offrir à mon gamin un chien à 800 euros, je décide de monter ma propre structure.
Non pas dans l'intention de me faire des couilles en or (je reste un ouvrier), mais plutôt dans l'esprit de faire croûter correctement les collaborateurs qui se joindraient à moi. Ils étaient quatre au bout de trois ans d'activité, gagnant en 39h ce que je ne m'accordais pas en 70.
Rassure-toi, je n'étais pas jaloux mais plutôt fier de ces ouvriers bourgeois qui ne rechignaient pas à travailler le week-end. Je ne les ai jamais forcé à bosser les samedi et dimanche, ils étaient volontaires au nom du pacte gagnant/gagnant mis en place avec eux, soit aucun jour de récup en échange, mais toutes les dépassements payés en heures sup. Bref, ils sont devenus rapidement des putains d'ouvriers bourgeois eux aussi.
Je n'ose pas te dire mon lapin ce qu'ils touchaient en mission à l'étranger, tu en ferais une crise d'apoplexie...Moi même j'étais vert quand mon CGA m'envoyait leur bulletin de salaire.

Salauds de bourgeois !






lundi 18 avril 2016

Ma cabane au Panama


Le Monde a sorti l'affaire pendant que le monde pervers des affaires n'en avait que faire. Une semaine de révélations, d'indignations et finalement de soumission. Pas touche au secret des affaires, 14 avril parlementaire...
Leurs comptes en banque ne sont que leurre, bienvenue chez PanamaPapers...

Ils ne font rien, ils se situent
Ils sont consultants ambigus
Des hydres multinationales

Pas de nom, que des initiales.
Ils ont de grands ordinateurs.
Poules de luxe, hommes de pailles.
Requins, banquiers, simples canailles.


Pas de nom et pas de photo,
Leurs sociétés sont étrangères.
Plus compliqué est le réseau
Qui les relie à leurs affaires.

Il était grand, il était beau,
Il sentait bon son Lugano,
Mon gestionnaire...

Justement près de Lugano
Etait la banque Ambrosiano.
Là où les vierges vaticanes
Faisaient fructifier leur magot.

Loge P2 dans ses arcanes
A deux massifs cardinaux
Pour les consultatations diaphanes
Avec de joyeux mafiosos.

Le fameux compte à numéro
Passe de Zurich à Lausanne,
De Bâle à Londres, près de Soho,
Rencontra le troisième couteau.

Les politiques, drôles d'oiseaux,
Prennent toujours pour plan de vol
Les bulletins de la météo
Ils vont toujours où il fait beau.

Il fait beau dans les audimats,
Dans les sondages du Figaro,
Il fait très beau dans la misère
Et dans les oeuvres humanitaires.
Il fait beau sur les droits de l'homme,
Il fait beau chez l'intégration,
Le plein emploi, l'immigration,
On se les gèle dans le pognon.

Politiquement leurs idéaux
Sont très ciblès sur deux critères :
Entre Mad Max et l'abbé Pierre

Pas de nom et pas de photo,
Leurs sociétés sont étrangères.
Ils ne font rien, ils se situent.
Ils prennent, se gavent et se tuent,
Trivialité derrière les mots,
La réussite entre les crocs.

Ils sont là à tous les niveaux.
C'est le règne des troisièmes couteaux.


Bernard Lavilliers : Troisièmes couteaux, extrait de "Champs du possible"...1994