dimanche 22 février 2015

Cassée, la gueule!

    Il y a quelques jours, Sylvain Téçon, le fils de Philippe (pour qui la cédille n'est plus de mise depuis longtemps), monopolisait les média radio et télé pour nous y montrer sa belle gueule d'aventurier après une chute de dix mètres de hauteur. Preuve en est que pour la survie de l'espèce, mieux vaut être stégophile que chanteur à minettes.

    Un fait en rappelant un autre, il m'est revenu en mémoire ce petit morceau de vie qui s'en va sur sa vingtième année.

    Pour bénéficier de ce séjour gratuit de quinze jours en neuro-chirurgie , j'avais mis tous les atouts de mon côté, y compris celui de vouloir jouer au plus fort avec un (gros) radiateur en fonte. Résultat sans appel: Radiateur 1 - Fred 0. Et curage discal en position genupectorale. Pour faire court, en levrette!
    Le lendemain, alors que l'on m'assistait à me mettre debout, IL est arrivé. Un plâtre de forme humaine précautionneusement mis dans son lit par trois personnes. Tu penses tout de suite qu'il n'y aura pas besoin de faire un planning pour le partage de la salle de bains. Une fois l'émotion passée, tu essaies d'envisager comment peut-on être vivant dans un état pareil, et ce qui a fait qu'on ait pu s'y trouver...Jambe, bras, bassin, poignet, clavicule et la tête, alouette. Toutes les spécialités orthopédiques réunies pour un seul patient, la gloire quoi. Mais qu'est-ce qu'il fout en neuro-chir? La visite du professeur va m'amener la réponse : Deux semaines de coma, et une toute belle ouverture de la boite à idées, recouverte par un magnifique bonnet de marque Velpeau! Johnny a dix-neuf ans...

    Jusqu'à cette rencontre impromptue, je ne connaissais même pas le terme maxillo faciale. En écoutant son chirurgien j'ai vite appris. Il aurait encore droit, dans une semaine, à un cassage de gueule en règle, pour remettre de la symétrie dans ce visage qui n'en avait plus que le nom. Dix-neuf ans, et plus toutes ses dents...

    Et c'est quoi Fred la relation avec ce bon Sylvain, hein? Parce que ton voisin de chambre, il est bien gentil mais a-t-il les couilles pour escalader des toits d'église? Activité hautement intellectuelle entre nous soit dit qui requiert à la base de savoir chanter "plus près de toi mon dieu". Non Johnny, ce qui l'a amené là, c'est d'avoir sauvé une gamine de huit ans qui n'avait pas vu arriver une voiture au moment de traverser, alors il a bondi et c'est son corps qui a fait rempart. La veille de mon départ, les parents de la fillette sont venus rendre visite à leur sauveur. Tout le monde avait les larmes aux yeux, y compris le con en train d'écrire ce billet. Tout le monde sauf Johnny, qui n'avait pas encore pris la mesure de son geste...

   Je suppose que quelques mois après, quand on lui parlait de radio, il ne pensait pas à Europe1. Peut-être parce que son père à lui n'y avait pas son rond de serviette d'éditorialiste putride et réac. La belle gueule qu'avait Johnny, elle était à l'intérieur.

   


   

   
   



16 commentaires:

  1. Beau billet. Je ne sais pas si je sais que tu as un blog. Pour te dire.

    Je commente seulement sur un detail, quand tu dis que tu rédiges avec la larme à l'œil. Si tu savais le nombre de fois de fous que ca m'est arrivé...

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    1. Si je sais (un peu), parce ce que ça transpire suffisamment sur tes billets à caractère perso...Merci de m'avoir lu en tout cas.

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    2. Comment ça, "beau billet” ? La langue du taulier est aussi en morceaux que le type dont il parle !

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    3. Hop, belle première de Didier Goux!

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  2. "Un plâtre de forme humaine" le retour de l'homme invisible
    Welcome back

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  3. Joli premier billet, et je reste scotché!

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  4. Merci Fred. Y'en aura des moins joyeux:)

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  5. Beau billet. Tu as bien fait d'ouvrir un blog.
    En tant que professionnel, je ne peux que deviner la mauvaise période que vous avez vécu l'un comme l'autre. Et à lire ton billet, on ne guérit jamais vraiment.
    J'attend l'épisode II de ce blog.

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  6. Un nouveau blog où ne trolle pas encore Didier Goux ? Je vais corriger ça.

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    1. Le Plessis Hébert n'abritant pas de centre de rééducation fonctionnelle, il ne me vient rien à l'esprit:)

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    2. Nicolas, ta gueule ! Je n'ai rien à faire sur ce blog (ou je suis pourtant), dans la mesure où je me fous des infirmes comme de mon premier cassage de gueule à la Comète.

      Cela dit, je trouve le commentaire de M. Burlot très amusant, dans son début : « En tant que professionnel ». Professionnel de quoi ? D'infirmes ? De cul-de-jatte ? D'aveugles ? D'électeurs du Front de Gauche ?

      Mais, ouf, cher M. Tastky, il devine que vous avez vécu une mauvaise période : cool, non ? Et il vous annonce, du haut de son expérience, que vous ne guérirez jamais vraiment. Sympa, isn't it ?

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    3. Cher Didier,
      je ne crois pas que cet espace soit dédié aux règlements de compte, mais libre à vous de le prendre comme tel. Même si le nom de ce blog est révélateur de mon infirmité (je n'allais pas l'appeler Talleyrand), je n'ai pas eu la même lecture que vous du commentaire de David.

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  7. Merci David. Cet épisode fut le plus heureux de mes séjours à l'hosto. Je parlerai des autres:))

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  8. bobillet, pourquoi s'arrêter en si beau chemin

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