mercredi 15 août 2018

L'eau ferri-ferrugineuse, oui !


Ce billet en forme de tranche de vie vient de m'être inspiré par @vasyjuly au cours d'un bref échange sur Twitter. Il est fait à l'arrache donc pardon pour les fautes d'orthographe, de conjugaison et de syntaxe.

Un lundi de l'an 2007. Comme tous les lundi Nono est fermé. Comme tous les lundi à huit heures trente il est déjà rentré de chez Promocash et a déjà tout rangé. Comme tous les lundi à cette heure j'aime venir user mes coudes sur le formica du Duguesclin, le temps d'un café avec son tenancier.
Sauf que ce jour-là nous le buvons rapidement car une mission de la plus haute importance nous incombe : un casse-croûte chez Marcel à 9h30 !
Comme nous sommes des gens pragmatiques, prêts à tout sauter sauf un repas, nous faisons l'inventaire des victuailles :
- t'as pris quoi Frédo comme bidoche ?
- trois côtes échines marinées et trois entrecôtes. Et toi ?
- deux bouteilles de péteux, deux bouteilles de rouge et une vendanges tardives.
- ça risque pas de faire un peu juste, on est trois quand même !

Direction chez Marcel, qui gueule à notre arrivée parce que le barbecue est prêt et qu'"on aura pas trop le temps de se poser avant de bouffer". Challenge accepté. On pète les deux bouteilles de Crémant avant de manger. Ouf. La suite se passe normalement et en une heure il ne reste plus rien, si ce n'est quelques braises et cinq cadavres. Et là messieurs dames, ça tourne à l'Audiard :
Arnaud : bon magne-toi le cul Frédo j'ai rendez-vous chez Descamps (son MG) dans un quart d'heure.
Moi : …………………..
Marcel : Eh les mecs vous remballez les cadavres, la grande rentre dans une heure, j'ai pas envie de me les prendre dans la tronche !

Et nous voilà repartis en direction de Pacy, dans une bagnole qui fait gling-gling à chaque virage. Je dépose Nono chez son toubib et rentre at home me rafraichir car devant présenter un devis de 41 KE le jour même à 14h.
Midi. Arnaud m'appelle pour me faire part du résultat de sa consultation :
- Frédo, mon petit ?
- ui
- le doc m'a dit que tous les voyants étaient au vert et qu'il fallait que je continue mon régime.

Crois-moi si tu veux, nous sommes restés deux minutes au téléphone à rire sans pouvoir sortir un mot:-)))

Et j'ai décroché mon chantier \o/

PS : Mis à part ce lundi ma mémoire est pleine d'anecdotes d'agapes et de canons engloutis dans l'arrière salle du Duguesclin.
C'est là :
https://www.youtube.com/watch?v=sYUOgNHKBi8







samedi 30 avril 2016

La carotte faisandée de Mister Rabbit


Mon cher Mister Rabbit,

Nous sommes en 2005, et alors que je ne me satisfais plus de ma condition de travailleur bourgeois, qui me vaut de rouler en belle voiture, d'habiter une maison que j'ai fait construire et d'offrir à mon gamin un chien à 800 euros, je décide de monter ma propre structure.
Non pas dans l'intention de me faire des couilles en or (je reste un ouvrier), mais plutôt dans l'esprit de faire croûter correctement les collaborateurs qui se joindraient à moi. Ils étaient quatre au bout de trois ans d'activité, gagnant en 39h ce que je ne m'accordais pas en 70.
Rassure-toi, je n'étais pas jaloux mais plutôt fier de ces ouvriers bourgeois qui ne rechignaient pas à travailler le week-end. Je ne les ai jamais forcé à bosser les samedi et dimanche, ils étaient volontaires au nom du pacte gagnant/gagnant mis en place avec eux, soit aucun jour de récup en échange, mais toutes les dépassements payés en heures sup. Bref, ils sont devenus rapidement des putains d'ouvriers bourgeois eux aussi.
Je n'ose pas te dire mon lapin ce qu'ils touchaient en mission à l'étranger, tu en ferais une crise d'apoplexie...Moi même j'étais vert quand mon CGA m'envoyait leur bulletin de salaire.

Salauds de bourgeois !






lundi 18 avril 2016

Ma cabane au Panama


Le Monde a sorti l'affaire pendant que le monde pervers des affaires n'en avait que faire. Une semaine de révélations, d'indignations et finalement de soumission. Pas touche au secret des affaires, 14 avril parlementaire...
Leurs comptes en banque ne sont que leurre, bienvenue chez PanamaPapers...

Ils ne font rien, ils se situent
Ils sont consultants ambigus
Des hydres multinationales

Pas de nom, que des initiales.
Ils ont de grands ordinateurs.
Poules de luxe, hommes de pailles.
Requins, banquiers, simples canailles.


Pas de nom et pas de photo,
Leurs sociétés sont étrangères.
Plus compliqué est le réseau
Qui les relie à leurs affaires.

Il était grand, il était beau,
Il sentait bon son Lugano,
Mon gestionnaire...

Justement près de Lugano
Etait la banque Ambrosiano.
Là où les vierges vaticanes
Faisaient fructifier leur magot.

Loge P2 dans ses arcanes
A deux massifs cardinaux
Pour les consultatations diaphanes
Avec de joyeux mafiosos.

Le fameux compte à numéro
Passe de Zurich à Lausanne,
De Bâle à Londres, près de Soho,
Rencontra le troisième couteau.

Les politiques, drôles d'oiseaux,
Prennent toujours pour plan de vol
Les bulletins de la météo
Ils vont toujours où il fait beau.

Il fait beau dans les audimats,
Dans les sondages du Figaro,
Il fait très beau dans la misère
Et dans les oeuvres humanitaires.
Il fait beau sur les droits de l'homme,
Il fait beau chez l'intégration,
Le plein emploi, l'immigration,
On se les gèle dans le pognon.

Politiquement leurs idéaux
Sont très ciblès sur deux critères :
Entre Mad Max et l'abbé Pierre

Pas de nom et pas de photo,
Leurs sociétés sont étrangères.
Ils ne font rien, ils se situent.
Ils prennent, se gavent et se tuent,
Trivialité derrière les mots,
La réussite entre les crocs.

Ils sont là à tous les niveaux.
C'est le règne des troisièmes couteaux.


Bernard Lavilliers : Troisièmes couteaux, extrait de "Champs du possible"...1994







vendredi 26 février 2016

Jacques M, mon boss !



     
       C'était entre Noël et le jour de l'An. Quand tu fais de la prestation, faut savoir être là quand le personnel de l'usine ne l'est pas. Bref, tout plein de milliers de mètres carrés pour nous tout seuls, avec pour objectif d'assembler une ligne de fabrication et de valider le process de prod. Une petite semaine qui passe vite...

       Moi, j'étais dans cette boîte en "attachement" à l'année, à savoir que les gens pensaient que j'étais partie intégrante du personnel, ce qui au vu des liens tissés avec lui n'était pas si déconnant.

       Un matin Jacques s'est pointé avec des viennoiseries pour une dizaine de personnes.
           Lui : Salut Frédéric, tout se passe bien?
           Moi : Bonjour Jacques, oui ça va, tu es venu bosser?
           Lui : Non, du tout, je suis juste venu prendre un café avec vous et je repars...
       Jacques habitait à 70 bornes du site, et n'avait aucune raison d'être là puisque je rendais compte tous les soirs au tech méthodes resp du projet de l'avancement du chantier.

       Un mois avant, me voyant boiter bas il m'avait pris à part pour me sortir : "tu sais Frédéric, rien ne justifie que l'on mette sa santé en danger. Alors tu rentres chez toi, et ne t'inquiète pas pour tes heures..."

       Je ne saurais te dire s'il est l'exception qui confirme la règle, mais quand je vois le poste qu'il occupe aujourd'hui, seuls deux mots me viennent à l'esprit : Respect Monsieur.

samedi 30 janvier 2016

Lord Byron, David Lynch ...Et moi.

- Docteur, Frédéric a une grosse tâche sur son plâtre, et ça sent vraiment pas bon.
- c'est une nécrose osseuse madame et il faudrait me le ramener demain...
- nous sommes à 800kms docteur...
- très bien madame, à demain donc...

Pour la deuxième fois de ma scolarité, j'avais quitté mes camarades en larmes (pas eux, moi) à la fin du mois de mai, parce que le protocole post-opératoire, c'était quatre-vingt dix jours plâtrés des orteils jusqu'aux genoux et il était préférable de manquer le dernier mois d'une année scolaire plutôt que le premier de la suivante.
Bref, cinq semaines après mon opération, je regardais mes frères et sœur couler des vacances heureuses dans ce petit village de l'Aveyron, condamné que j'étais en position assise ou couchée. A aucun moment je ne m'étais interrogé sur ma maladie, persuadé qu'elle était moi, tant j'étais déjà habitué aux opérations (à trois ans, puis à six et celle-ci à onze), aux mois d'inertie qui en résultaient, précédant les mois de rééducation fonctionnelle.
Me voilà donc parti, accompagné de mon père car ayant 11 ans, c'est lui qui conduit la R16 TS.
Sainte-Eulalie-de-Cernon --> Reims. 800 bornes, une paille...avec un daron bien énervé que je lui joue ce mauvais tour, passe que naturlich, c'est de ma faute si je suis né comme ça



Après avoir passé la journée dans la Renault  Hammam (été 1976), nous voici donc at Clinique de Courlancy la bien nommée et rémoise d'origine.
On me déplâtre. Je regarde mon pied. Ma tête se met à tourner, ne pas repenser à mon séjour ici...

8 juin 1976.
Quelques jours se sont passés depuis l'intervention, et je m'interroge toujours sur ces tuyaux translucides reliant mes plâtres à deux bocaux dont le couvercle ne m'évoque pas Bonne Maman.
Elles ont l'air sympa ces deux infirmières quand elles rentrent et m'annoncent tout de go : "Frédéric, on vient te retirer tes drains..."
T'arracher tes drains était en fait la bonne formule, une me maintenant et l'autre tirant dessus, juste avant que je ne parte à vapes. Quand t'es un pied, faut souffrir pour ne plus être bot !

Retour à Sainte-Eulalie avec un joli plâtre tout neuf. Soulagé, j'allais enfin pouvoir, cloué sur mon fauteuil, passer de belles vacances à regarder jouer mes frères et sœur, les poings fermés...et les paupières aussi.

Hashtag #PBVEIB (Pied Bot Varus Equin Idiopathique Bilatéral)


PS : Que soient remerciés ici le Pr Raphaël Seringe et Marie-Jo Clio-Assouvie pour le remarquable travail de prise en charge de cette maladie à Necker, sans oublier Régine Chedeville, instigatrice de la "French Method".



dimanche 22 février 2015

Cassée, la gueule!

    Il y a quelques jours, Sylvain Téçon, le fils de Philippe (pour qui la cédille n'est plus de mise depuis longtemps), monopolisait les média radio et télé pour nous y montrer sa belle gueule d'aventurier après une chute de dix mètres de hauteur. Preuve en est que pour la survie de l'espèce, mieux vaut être stégophile que chanteur à minettes.

    Un fait en rappelant un autre, il m'est revenu en mémoire ce petit morceau de vie qui s'en va sur sa vingtième année.

    Pour bénéficier de ce séjour gratuit de quinze jours en neuro-chirurgie , j'avais mis tous les atouts de mon côté, y compris celui de vouloir jouer au plus fort avec un (gros) radiateur en fonte. Résultat sans appel: Radiateur 1 - Fred 0. Et curage discal en position genupectorale. Pour faire court, en levrette!
    Le lendemain, alors que l'on m'assistait à me mettre debout, IL est arrivé. Un plâtre de forme humaine précautionneusement mis dans son lit par trois personnes. Tu penses tout de suite qu'il n'y aura pas besoin de faire un planning pour le partage de la salle de bains. Une fois l'émotion passée, tu essaies d'envisager comment peut-on être vivant dans un état pareil, et ce qui a fait qu'on ait pu s'y trouver...Jambe, bras, bassin, poignet, clavicule et la tête, alouette. Toutes les spécialités orthopédiques réunies pour un seul patient, la gloire quoi. Mais qu'est-ce qu'il fout en neuro-chir? La visite du professeur va m'amener la réponse : Deux semaines de coma, et une toute belle ouverture de la boite à idées, recouverte par un magnifique bonnet de marque Velpeau! Johnny a dix-neuf ans...

    Jusqu'à cette rencontre impromptue, je ne connaissais même pas le terme maxillo faciale. En écoutant son chirurgien j'ai vite appris. Il aurait encore droit, dans une semaine, à un cassage de gueule en règle, pour remettre de la symétrie dans ce visage qui n'en avait plus que le nom. Dix-neuf ans, et plus toutes ses dents...

    Et c'est quoi Fred la relation avec ce bon Sylvain, hein? Parce que ton voisin de chambre, il est bien gentil mais a-t-il les couilles pour escalader des toits d'église? Activité hautement intellectuelle entre nous soit dit qui requiert à la base de savoir chanter "plus près de toi mon dieu". Non Johnny, ce qui l'a amené là, c'est d'avoir sauvé une gamine de huit ans qui n'avait pas vu arriver une voiture au moment de traverser, alors il a bondi et c'est son corps qui a fait rempart. La veille de mon départ, les parents de la fillette sont venus rendre visite à leur sauveur. Tout le monde avait les larmes aux yeux, y compris le con en train d'écrire ce billet. Tout le monde sauf Johnny, qui n'avait pas encore pris la mesure de son geste...

   Je suppose que quelques mois après, quand on lui parlait de radio, il ne pensait pas à Europe1. Peut-être parce que son père à lui n'y avait pas son rond de serviette d'éditorialiste putride et réac. La belle gueule qu'avait Johnny, elle était à l'intérieur.